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14/08/2025
Dans la recherche scientifique, le recours aux animaux est une nécessité encadrée par des réglementations strictes, mais celles-ci varient d’un pays à l’autre. Comment garantir une harmonisation des pratiques ? L’accréditation internationale AAALAC joue un rôle clé pour assurer des standards élevés et une amélioration continue. Découvrez comment les législations, le principe des 3Rs et l’AAALAC contribuent à protéger les animaux en recherche dans le monde entier.
En Europe, une directive doit être respectée par tous les pays de l’Union (European parliament and of the council of 22 September 2010 on the protection of animals used for scientific purposes, 2010) et les règles ont été transposées dans les droits respectifs de chaque pays membre.
Aux Etats-Unis, une loi encadre le recours aux animaux : l’Animal Welfare Act(U.S. Government Information, 1966). Cette loi est complétée par des guides, l’un est général : « Public Health Service (PHS) Policy on Humane Care and Use of Laboratory Animals » (U.S. Department of Health and Human Services & National Institute of Health, 2015); les organismes de recherche peuvent également imposer des règles strictes pour délivrer des financements (voir Erreur ! Source du renvoi introuvable.).
En Asie, chaque pays a ses propres règlementations comme la « Law for the Humane Treatment and Management of Animals » au Japon (Ministry of the Environment of Japan, 1973).
L’AAALAC est une organisation internationale privée à but non lucratif dont le siège est aux USA. Elle fête ses 60 ans en 2025. Des standards internationaux de recours aux animaux ont été établis, basés sur les législations et les référentiels parmi les plus strictes. L’accréditation AAALAC repose sur trois référenciels primaires : le Guide pour le soin et l’utilisation des animaux de laboratoire (Committee for the Update of the Guide for the Care and Use of Laboratory Animals et al., 2011), le Guide pour le soin et l’utilisation des animaux de ferme en recherche et en enseignement (Tucker et al., 2020), et l’annexe A de la Convention européenne sur la protection des animaux vertébrés utilisés à des fins expérimentales et autres fins scientifiques (ETS NO. 123) (Council of Europe, 1986, 2006).
Les établissements utilisateurs qui souhaitent démontrer leur implication dans une utilisation responsable des animaux peuvent demander une accréditation, délivrée seulement si les critères de l’AAALAC sont respectés.
Les demandes d’accréditations se font sur la base du volontariat, les établissements doivent fournir un document décrivant leur politique de soin et d’utilisation d’animaux (appelé PD pour « program description »). Des évaluateurs étudient ce document puis se font leur propre avis grâce à une visite des locaux. Cette visite et la revue du document permettent d’établir un rapport qui sera ensuite évalué par l’ensemble des membres du conseil d’accréditation, afin de remettre (ou non) la certification AAALAC. Actuellement, environ 1100 centres de recherche dans 50 pays sont accrédités.
Cette accréditation doit être renouvelée tous les 3 ans. Pour l’obtenir ou la conserver, l’établissement utilisateur doit démontrer l’adéquation entre ses pratiques et les standards applicables, mais également une réelle volonté d’amélioration continue.
Les législations peuvent différer entre les pays, donc les exigences de l’AAALAC également. 3 versions de la description du programme sont disponibles : une version standard, une version spécifique à l’Europe, et une version spécifique à la Thaïlande.
Le programme spécifique à l’Europe demande de décrire 3 éléments en plus du programme standard :
Le programme thaïlandais est similaire au programme standard, l’unique différence est négligeable et porte sur la description de la liste des équipements utilisés pour nettoyer les cages : les autoclaves ne sont pas cités en exemple dans la version thaïlandaise.
L’AAALAC demande un programme actif de soins et de recours aux animaux. Celui-ci doit comprendre une description : des animaux, des installations et des équipements ; du soutien professionnel, technique et administratif ; des politiques de l’établissement et des responsabilités institutionnelles ; des soins vétérinaires ; de la protection des personnes (médecine du travail, hygiène, santé et sécurité). De plus, pour qu’une unité de recherche puisse être accréditée, elle doit présenter un niveau d’activité raisonnable par rapport à l’espace disponible pour la détention et le recours aux animaux.
A l’issue de la visite, l’AAALAC met en valeur les points positifs et les écarts aux standards. Pour ces derniers, 2 grandes catégories de critères sont évaluées par l’AAALAC :
Les « must » : respect des réglementations nationales
Pour obtenir l’accréditation AAALAC, les établissements doivent respecter la législation en vigueur dans leur pays et les standards essentiels de l’AAALAC dont le Guide pour le soin et l’utilisation des animaux de laboratoire(Committee for the Update of the Guide for the Care and Use of Laboratory Animals et al., 2011). Ces critères, appelés « must », garantissent un socle minimum de conformité.
A titre d’exemple, une comparaison des législations européenne et états-unienne a été réalisée.
Cette directive protège les vertébrés et les céphalopodes (ainsi que leurs formes fœtales à partir du 3ème tiers de la gestation) utilisés à des fins scientifiques et règlementaires, à partir d’un seuil de douleur / souffrance défini par l’introduction d’une aiguille réalisée dans le cadre de bonnes pratiques vétérinaires.
Ainsi, les mêmes principes de protection des animaux utilisés à des fins scientifiques sont appliqués en Europe et aux USA, mais seule l’Europe protège les céphalopodes et l’ensemble des vertébrés dans les recherches privées.
Cette « protection » consiste en des obligations de respect de la sensibilité et des besoins des animaux, et oblige à tracer leur utilisation.
Que ce soit en Europe ou aux USA :
Ce sont tous ces éléments là que l’AAALAC vérifie, si un point majeur n’est pas respecté l’accréditation ne peut pas être donnée avant sa résolution.
D’un point de vue global, les législations européennes et états-uniennes sont semblables. Les différences apparaissent dans le caractère plus ou moins stricte des inspections, des évaluations, des formations éligibles ou encore de la précision des données rapportées : la législation européenne est plus stricte.
La réglementation sur la taille minimale des cages des souris est un bon exemple. En Europe, une hauteur minimale de 20 cm doit être respectée et la surface au sol va dépendre du poids, du nombre et du statut des animaux ; aux Etats-Unis, le PHS Policy s’appuie sur le « Guide for the care and use of laboratory animals » qui précise simplement que les animaux doivent être dans un espace adéquat (Committee for the Update of the Guide for the Care and Use of Laboratory Animals et al., 2011; U.S. Department of Health and Human Services & National Institute of Health, 2015).
Ce sont les « should », ils peuvent être considérés comme un objectif à viser.
Un renouvellement d’accréditation nécessite d’avoir une amélioration entre les deux inspections.
Lors d’une visite d’inspection, l’AAALAC met en évidence des points d’amélioration. La structure auditée peut utiliser ces recommandations pour améliorer son programme de soin et d’utilisation des animaux. Ces améliorations peuvent concerner les 3Rs mais aussi la gestion de l’animalerie, la protection du personnel, l’organisation des structures comme la SBEA (Structure chargée du Bien-Être Animal) ou le comité éthique, l’analyse des données rétrospectives, …
TransCure bioServices a pu suivre les recommandations de l’AAALAC obtenues en 2022 et aller au-delà. A titre d’exemple, les améliorations ayant un impact direct sur les animaux et permettant de respecter les 3Rs sont :
D’autres améliorations concernent le fonctionnement plus général de la structure, par exemple :
L’amélioration continue et la promotion de la culture de soin sont essentielles pour mériter cette accréditation AAALAC et respecter le niveau d’exigence et l’esprit de la directive européenne et des diverses recommandations sur le recours aux animaux à des fins scientifiques.
Committee for the Update of the Guide for the Care and Use of Laboratory Animals, Institute for Laboratory Animal Research, Division on Earth and LifeStudies, & National Research Council. (2011). Guide for the Care and Use of Laboratory Animals: Eighth Edition. In National Research Council 2011 (Ed.), Guide for the Care and Use of Laboratory Animals (8th ed.). National Academies Press. https://doi.org/10.17226/12910
Council of Europe. (1986). European Convention for the Protection of Vertebrate Animals used for Experimental and Other Scientific Purposes.
Council of Europe. (2006). Appendix of the European Convention for the Protection of Vertebrate Animals Used for Experimental and Other Scientific Purposes (ETS NO. 123).
European parliament and of the council of 22 September 2010 on the protection of animals used for scientific purposes. (2010). Directive 2010/63/EU.
Ministry of the Environment of Japan. (1973). Act on Welfare and Management of Animals.
Tucker, C. B. ., MacNeil, M. D. ., & Webster, A. B. . (2020). Guide for the care and use of agricultural animals in research and teaching. American Dairy Science Association, American Society of Animal Science, Poultry Science Association.
U.S. Department of Health and Human Services, & National Institute of Health. (2015). Public Health Service Policy on Humane Care and Use of Laboratory Animals.
U.S. Government Information. (1966). Animal Welfare Act.